Paris, le 9 Mars 2022
Depuis plusieurs décennies, l’Afrique est entrée dans une ère de développement économique accéléré, faisant émerger des classes moyennes qui ont plus de moyens pour se soigner et portent une attention particulière à leur santé.
L’espérance de vie est en hausse depuis 2015 partout en Afrique subsaharienne et les systèmes de couverture maladie se sont développés. Dans les plus grands pays – le Kenya, la Côte d’Ivoire et le Sénégal – il existe un secteur assurantiel déjà bien développé, principalement pour les fonctionnaires et les salariés des grandes entreprises.
Pour soutenir une croissance durable et inclusive, les pays-membres de l’ONU veulent atteindre la Couverture Sanitaire Universelle (CSU) en 2030. En Afrique, le Ghana, le Rwanda, le Mali, le Kenya et le Nigeria sont les premiers à l’avoir mise en œuvre mais la part de l’économie informelle dans de nombreux pays complique les modèles de mutualisation passant par une contribution directe sur les revenus. Les efforts menés auront sans aucun doute un impact durable sur la croissance du secteur privé marchand qui bénéficie déjà d’une économie florissante.
Les principaux enjeux : faire émerger une fabrication locale
Les unités de production locale se développent progressivement (Ghana, Nigeria, Kenya, Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun), souvent portées par des acteurs maghrébins, en particulier marocains, et des acteurs indiens qui ont pu construire des lignes de fabrication mais qui font encore face à des problèmes de coûts, de fiabilité dans les approvisionnements, et surtout de disponibilité de main d’œuvre qualifiée qui ont encore des conséquences en termes de qualité. Leur business model n’est donc pas encore complétement viable et il faudra encore du temps, notamment en Afrique de l’Ouest francophone qui présente des retards par rapport aux pays anglophones du Centre et de l’Est.
Ces retards pourraient être comblés en dynamisant cette production locale, par exemple en appliquant des mesures de restriction à l’importation pour les produits les plus simples à fabriquer, comme l’ont pu faire le Ghana et le Nigeria, en appliquant des barrières douanières sur les médicaments de grande consommation comme le Paracétamol.
Harmoniser progressivement l’encadrement réglementaire
La dynamique réglementaire pour les autorisations de mise sur le marché (AMM) va plutôt dans le sens d’une harmonisation progressive entre les pays, comme en Afrique de l’Est avec l’East African Community (EAC) et en Afrique de l’Ouest où les dossiers d’instruction sont aujourd’hui quasiment les mêmes d’un pays à l’autre, s’appuyant sur un texte commun de l’UEMOA.
Un projet d’Agence Africaine du Médicament est en cours de constitution. Il doit apporter une dynamique supplémentaire, en supprimant les freins inhérents aux délais des administrations locales pour l’instruction des demandes d’AMM.
Il n’est aujourd’hui qu’un projet théorique qui vient cependant de recevoir des fonds importants pour initier sa mise en œuvre concrète dans les pays ayant adhéré au traité fondateur de 2019.
Structurer une offre de produits de qualité, avec une part croissante de fabrication asiatique
Tandis que les grandes multinationales occidentales se désengagent pour concentrer leurs développements en Europe, aux États-Unis et au Japon avec des produits innovants extrêmement coûteux, cette évolution laisse de la place en Afrique subsaharienne à de nouveaux acteurs : sociétés de plus petites tailles qui continuent à exploiter des produits historiques dont les populations ont besoin, fabricants de génériques introduisant les plus récentes des molécules tombées dans le domaine public, et laboratoires asiatiques, principalement indiens et pakistanais, dont certains sont entrés sur le marché avec des produits de qualité.
Pertinence du secteur privé de la distribution pharmaceutique : une croissance continue
Le secteur privé de la distribution pharmaceutique affiche une croissance de 6 à 10% par an. En 2021, ce marché en Afrique de l’Ouest représente 1,3 milliards d’Euros
Un réseau pharmaceutique aux normes de qualité et de conformité internationales
Le secteur privé s’est structuré au fil des années et offre maintenant un réseau dense d’officines aux normes pharmaceutiques, agréées par les autorités, des professionnels formés, des process en ligne avec les standards internationaux, des syndicats qui luttent contre la contrefaçon.
Au total sur l’ensemble de la zone Afrique de l’Ouest francophone (15 pays), on dénombre environ 6 à 7.000 pharmacies pour une population totale de plus de 280 millions d’habitants, soit 2 pharmacies pour 100.000 habitants en moyenne, les meilleurs élèves étant le Sénégal et la Mauritanie avec 6 pharmacies pour 100.000 habitants (à comparer tout de même avec 3 officines pour 10.000 habitants en France).
Les grossistes répartiteurs et les distributeurs se sont également alignés sur les normes de qualité les plus strictes, audités par les laboratoires internationaux pour se conformer aux Bonnes Pratiques de Distribution.
Dans ce marché totalement privé, il n’existe pas ou peu de risque de corruption et, contrairement au secteur public, le secteur privé n’est que peu soumis aux aléas géopolitiques.
A titre d’exemple le marché malien, malgré les turbulences liées à l’arrivée au pouvoir de la junte militaire, la fermeture des frontières et le retrait progressif des forces militaires françaises, continue d’afficher une dynamique de croissance de +10% en 2021 par rapport à 2020.
Une réelle stabilité dans la durée
Le développement des classes moyennes entraîne la croissance des besoins de santé, avec le désir de consommer des produits de qualité.
Par sa rentabilité et sa stabilité, qui ont été largement démontrés lors de la crise Covid, le secteur privé du médicament en Afrique sub-saharienne, offre aux investisseurs un terrain fertile pour investir en confiance, avec des indicateurs de performance intéressants, mais aussi de contribuer à faire reculer la corruption et le marché des faux médicaments, fléaux dont l’Afrique a urgemment besoin de se débarrasser pour encore accélérer son développement.
Place de Piex Group
Pour mettre les produits pharmaceutiques à la disposition des populations africaines sur ces marchés privés, les laboratoires s’appuient pleinement sur les acteurs de la distribution qui le plus souvent sont chargés d’organiser la chaîne de valeur complète : autorisations de mise sur le marché, promotion auprès des professionnels de santé et mise à disposition des produits dans les officines.
On trouve trois types d’acteurs pour servir ce marché en Afrique francophone de l’Ouest. Les grandes multinationales, parmi les pionnières du secteur aujourd’hui diversifiées dans l’automobile et la grande distribution, et qui ont contribué par leur histoire à écrire le développement d’une filière sécurisée et professionnelle.
D’autres entreprises sont désormais alliées avec des puissantes multinationales étrangères comme le groupe sud-africain Imperial, un acteur majeur de la logistique anglo-saxon racheté en juillet 2021 par Dubai Ports World, le troisième exploitant portuaire mondial, dont les services peuvent être précieux pour transporter sur le continent tous types de produits dans des pays plus complexes d’accès. Autre exemple, le groupe chinois Fosun a réalisé une acquisition en 2017 en France, qui s’inscrit dans la stratégie de pénétration des marchés Africains dans le cadre général du plan des “Nouvelles routes de la soie”.
Enfin, les sociétés indépendantes de moins en moins nombreuses, telles que Piex, détenues par des investisseurs privés, uniquement dédiées aux produits de santé, et dont la seule raison d’être est le service des populations Africaines et de ses laboratoires fabricants partenaires.
À l’horizon 2030
L’accès équitable à la santé sur le continent passera selon nous par le développement d’un groupe qui intégrera une activité de distribution pour l’Afrique, représentant un large portefeuille de fabricants et de produits de santé, intégrant en parallèle la conception et le déploiement de solutions Retail innovantes qui favorisent un parcours client localisé et adapté aux populations.
Ce groupe devra proposer l’ensemble des outils nécessaire au déploiement de portefeuille de produits adaptés au continent – enregistrement réglementaire, marketing et promotion, distribution, répartition, couvrant l’ensemble de l’Afrique sub-saharienne, d’Est en Ouest et jusqu’en Afrique Australe.
Il pourra aussi développer ses propres produits pour subvenir aux besoins qui ne serait pas couverts par l’offre des laboratoires internationaux, et il pourrait à terme détenir ses propres unités de production en Afrique.
C’est précisément le projet porté par Piex Group, appuyé par des partenaires financiers solides, qui sera idéalement positionné pour contribuer à favoriser l’accès à des produits de santé de qualité pour le plus grand nombre.
Marc Letellier
Directeur du Business Développement